Demi-finales nationales de cross à Laval. Né dans un pays où l’on court avant de naître, l’Ethiopie, le Nantais Clément Leduc a couru dans un « train » de vainqueur, porté par un vent de fraîcheur…
les résultats ici).
(champion régional 2017) et Anthony Guillard, révélait Clément à son arrivée. Par contre, j’avais le statut d’outsider. J’ai donc couru sans pression. Je savais que si j’étais encore avec eux à la fin, je pouvais compter sur mon finish. Et c’est ce qui s’est passé… »
Anthony Guillard (ABV Les Herbiers) a fait ce qu’il a pu face au sens tactique de son jeune vainqueur. « Lorsque j’ai vu le parcours, je me suis dit que la course allait se dérouler dans des conditions que j’apprécie. Après, je n’étais pas rassuré sur mon état de forme. Je n’avais pas pu m’entraîner comme je le voulais depuis Challans. L’idée était d’arriver avec de la fraîcheur et de voir comment j’allais m’en sortir… À mi-course, j’ai fait un peu le ménage, mais je n’avais pas assez de jus pour partir… Je savais que Clément était un vrai pistard et j’ai joué ma dernière chance dans le dernier kilomètre. Mais une fois sur la piste, son accélération a été fatale… Maintenant, lorsqu’il y a une place, il faut la prendre, et je suis content d’être deuxième. »
« C’est énorme !!! » A l’image de la course de Sébastien Coeffier (OVA Challans/Les Sables) que personne ne voyait capable de réaliser une telle prestation, finalement synonyme de troisième place sur le podium. « C’est énorme », lâchait une nouvelle fois, le Sablais. « Je me sentais bien dans la boue, mais c’est complément une surprise. J’ai couru sans faire attention aux autres, et je ne voyais pas que certains étaient en difficulté… Et puis, la course s’est faite toute seule et tout c’est ouvert devant moi… » Une ouverture que Sébastien a pris le temps de mesurer sur l’échelle de son état de forme : « Entre 8,5 sur 10, confiait-il. Par rapport aux France, j’ai peut-être fait ma course parfaite à Laval… »
Saint-Galmier, c’est dans trois semaines. Et que ce soit pour Clément, Anthony et Sébastien, le train du vainqueur des prochains championnats de France les mettra dans le vent…
Leduc est un roi, Clément son prénom
Deux coupes dans les bras, Clément Leduc n’hésite pas à choisir au moment de désigner celle qui l’a couronné roi. Certes, c’est juste du Centre-Atlantique. Car de France, il n’a jamais été titré. « C’est seulement cette année que je me révèle, confie le jeune homme. Avant, je me considérais plus comme un spécialiste du 10000 m (30’57’’03, l’an passé en juniors). Depuis, cet automne, il y a eu comme un déclic et je me sens crossman. »
Pour sa première saison en seniors, l’espoir qu’il est devenu à bientôt 20 ans a remporté la course élite. De mémoire, même en remontant jusqu’au siècle dernier, aucun nom ne semble avoir réussi cette performance. « Ce titre me fait plaisir, car l’année dernière, j’avais fait deuxième juniors aux Inters, rappelle-t-il. Mais je dois dire que les meilleurs seniors n’étaient pas là. Donc, pour moi, ce n’est pas une vraie victoire interrégionale. »
Il faut dire que l’élève de Patrice Binelli garde les pieds sur terre. « Le niveau est élevé en espoirs et il y a de la densité. Pour les France, cela va être une grande loterie. » Car entre les Europe de cross juniors « 37e et 6e de l’équipe », rappelle le Nantais, et les performances des athlètes espoirs « lors du stage au Portugal » - ce qui explique son absence aux Régionaux de Challans; Clément connait sa place. « Petit à petit, je me rapproche d’eux, mais il suffit de voir ce qu’ils ont fait aux Europe pour se rendre compte que globalement, ils sont meilleurs que moi. »
Dans l’attente, Clément connait aussi « sa marge de progression ». Peut-elle lui permettre d’espérer une troisième sélection internationale pour 2017 ? « Il y a les championnats d’Europe d’espoirs sur 10000 m, mais les minima (29’10) sont élevés... Je pense qu’il faudra attendre les Europe de cross. » En décembre dernier, avec l’équipe France de juniors, Clément est monté sur la plus haute marche. Etre roi, se partage aussi.
Texte et photo : Bruno Poirier.
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