« Tu ne fais pas un marathon pour travailler ton 100 bornes »
Vous appréhendiez les 42,195 km ? Oui, j’avais peur de ne pas avoir une foulée suffisamment économique et ne pas être capable de tenir physiologiquement des sorties de plus de 30 bornes. Mais oui, c’est complètement dissipé : je me régale et j’arrive à être super relâché sur des sorties de 35 km. C’est quand même intéressant dans l’optique du marathon. Aujourd’hui, faire 42 km, ça ne me fait plus peur, alors que c’est le truc qui me faisait un peu douter.« Ça me paraissait inimaginable il y a encore un an que je fasse 37 bornes de footing avec une séance dedans »
Le but est de vous qualifier pour Rio, à moyen terme ? Il faut voir par rapport au premier marathon. Je pense que ça va me donner une réel indicateur sur mes capacités à pouvoir prétendre à une place aux JO ou pas. Si je fais 2h12, bien sûr que ça sera envisageable. Si c’est 2h15’, il faudra peser le pour et le contre. Vous vous sentez pleinement marathonien ? Beh oui. Ça me plaît. Le volume d’entraînement, et surtout les sorties longues font que j’ai aujourd’hui vraiment l’impression d’être un marathonien. Même d’en faire peut-être un petit peu trop. Le seul truc qui peut m’arriver, c’est d’en avoir fait un peu trop pendant la préparation. Votre coach Pierre Messaoud vous freine, parfois ? (Rires) Un peu. Comme si vous aviez peur… (Il coupe) de ne pas en faire assez. Pour moi, le marathon, tu ne t’y aventures pas. Si tu n’es pas prêt, il ne faut pas y aller. J’ai pu faire des courses sans être prêt : sur des 1 500, des 3 000, ça peut passer, ou pour travailler la vitesse. Mais là tu ne fais pas un marathon pour travailler ton 100 bornes. Si j’y vais, je veux être prêt. C’est une décision que j’ai prise et je l’assume complètement. Je ne mets pas la pression mais j’ai envie de faire les choses bien.« Je me suis vraiment isolé de beaucoup de choses. Je ne pense qu’à mes entraînements et il n’y a rien d’autres à faire »
Vous sentez la fatigue après une grosse sortie, ou avec l’accumulation des entraînements ? Oui, sur certains journées : il me faudra un ou deux jours pour récupérer. Même dans l’envie, c’est un peu plus compliqué de se lever. Il y a aussi une certaine lassitude, mais je suis de nouveau frais et dispo au bout de 48 heures pour réattaquer. Pourquoi avoir choisi de vous préparer ces deux derniers mois presque exclusivement à la Teste, près de Gujan-Mestras (à 50 km de Bordeaux) ? Pour me concentrer vraiment sur mon objectif. Etre dans une démarche très professionnelle, très carré. Je me suis vraiment isolé de beaucoup de choses. Il y a plein d’à-côtés que je n’ai plus –comme internet- et ça me permet de vraiment me concentrer sur mes entraînements et la récupération. Vous n’avez pas la sensation d’être parfois trop coupé du monde ? Beh, je ne pense pas que trop bien faire les choses est problématique. C’est de ne pas bien les faire, je pense, qui l’est. Je pense qu’on ne les fait jamais assez bien (sourire).« Je sens que je suis proche de la vérité »
C’est grisant de ne pas avoir de douleurs, de se sentir bien ? C’est ça. Je pense que la prépa se passe bien car je suis libéré dans la tête. Je peux enfin faire à l’entraînement ce que j’aurais dû faire depuis deux ans, mais que je ne pouvais pas faire car j’avais un frein physique, mental. Il y avait toujours un problème. Et quand je sortais d’un problème, j’en avais un nouveau deux mois après. Je n’arrivais pas à avoir de la continuité dans l’entraînement. C’est peut-être aussi pourquoi je suis motivé. Car je sens que je suis proche de la vérité. Vous avez remis des choses en question avec Pierre Messaoud ? Le fait de passer sur marathon a déjà été une remise en question par rapport à ce qu’exige l’entraînement du 3 000/5 000. Je suis encore plus pro sur le médical. Je suis vraiment content de bosser avec Denis Riché car il m’aide vraiment sur tout ce qui alimentation, problèmes de la flore intestinale. On a travaillé sur la présence de bactéries et presque de mycoses intestinales qui engendraient le passage de toxines vers les muscles etc… Cela engendrait ensuite des tendinites. Je suis un régime sans gluten depuis 5 mois (il le stoppera après le marathon). Je ne vais pas dire que c’est grâce au fait de ne pas manger de gluten que je n’ai plus de douleurs, car je fais tout un tas d’efforts à côté, mais je sais que ça fait partie de l’équilibre du sportif que je suis aujourd’hui. [caption id="attachment_35510" align="aligncenter" width="800"]Photos Q.G[/caption]